En cette soirée pluvieuse d'Automne, les feuilles du vieux tilleul étaient déjà presque toutes tombées, les unes après les autres. Il en restait bien quelques-unes qui résistaient, s'accrochaient de toute leur sève fragile, qui ne voulaient pas céder. Elles croyaient en l'immortalité, et avaient sans doute peur de se faire mal, peur de l'inconnu, mais tel est leur destin: toutes les feuilles meurent en automne, qu'elles le veuillent ou non. Elles s'agrippaient avec vigueur à la petite branche qui les avait vues naître, qui les avait nourries et les avait aidées a bougonner, à s’épanouir. Elles décrocheraient tout de même leur insoumission, malgré leur volonté farouche de vivre.

14th, october. Mon cher journal :

Je t'écris pour te dire que tout va bien. C'est bien la première fois que j'écris dans un journal intime d'ailleurs ... écrire, c'est souvent signe de soulagement, de liberté non ? Bref, je ne me suis pas présentée alors... Je m'appelle Rachel Ambre Black, j'ai 20 ans et tout va bien. j'ai souvent besoin de me dire que tout va bien, alors tout va bien. Quoi qu'il arrive, le Soleil et la Lune se lèvent toujours du même côté, la Terre tourne toujours dans le même sens et la vie poursuit inlassablement son cours . Es-tu restée accroché au souvenir du jour qui vient de se terminer et pour lequel tu ne peux plus revenir en arrière, le cœur plein de remords et de regrets, sois tu décidée de faire face à tes doutes et tes peines, peurs et démons et tu choisis d'avancer? Quoi qu'il arrive, il est toujours temps de faire preuve de courage, toujours temps de changer ce qui n'est pas immuable et tracer son propre chemin. Je n'y arrive toujours pas, je suis toujours coincée, perdu dans mes pensées à voir le monde, les autres différemment. J'aurais voulu être parmi les leurs, pouvoir courir dans la forêt, sentir, renifler, avoir leurs odorats, je m'en veux, je lui en veux terriblement. Ma mère n'a jamais su me dire le pourquoi du comment. " C'est comme ça m'a douce Rachel, c'est dans tes gènes, tu as pris de moi." J'aimais les loups, j'étais insouciante, folle d'eux, je les voulais, je voulais leur appartenir. C'est surement en ce jour-ci spécial où me baladant en forêt dans le regard de l'un d'eux que j'ai pu me rendre compte de la puissance de mon amour pour eux : ce loup, si magnifique, nos regards s'étaient croisées lentement, les minutes parurent longues. Vous savez, Il est des regards qui perdurent au-delà du moment où ils ont été posés, plein d'audace et d'insistance, comme plongés au plus profonds de vous-même, si longs et pénétrants qu'ils dénudent votre âme de toute volonté de résistance et vous poursuivent, sans que rien ne puisse vous défaire de ces yeux sombres auxquels les vôtres se sont abandonnés. Journal, je l'ai dans la tête depuis maintenant plus de 5 mois sans aucune nouvelle ... Mon cher journal, je ne vais pas bien, je t'ai menti, rien ne me convient, rien ne me va. Rien ne va. ça ne va pas.