Certaines personnes ont de la chance avant même de naître : des parents qui s’aiment, de l’argent … Et des valeurs uniques à chacun. Et d’autres, comme moi, ne se sentent pas à leur place. Mes parents s’aimaient profondément. Pourtant mon arrivée a eu raison de cette passion, et ils ont divorcé alors que je n’avais que six mois. Je suis partie vivre à Phénix avec ma mère, loin de la brume de Forks. Je n’ai jamais été franchement malheureuse, mais par heureuse non plus. Quoi que je fasse, je n’arrivais jamais à être satisfaite de ma condition. Comme si il avait toujours manqué quelque chose, dans ma vie. Je me suis fait des amis certes, j’ai eu des bonnes notes … Mais rien qui suffise à mon bonheur. Je ne rendais visite à mon père que quatre semaines dans l’année durant lesquelles je m’amusais davantage avec Jacob Black, un ami de la Push, que je ne passais de temps avec mon géniteur. De quatre semaines nous tombâmes à deux au fur et à mesure que je grandissais. La vie à Phénix était tout à fait différente de celle de Forks, je m’y sentais mieux. Pourtant quand ma mère m’annonça qu’elle avait rencontré Phil Dwyer, je décidai de partir à Forks. Pour la première fois en dix-sept ans, elle avait de nouveau pensé à elle avant de s’occuper de moi et je ne voulais pas qu’elle passe à côté du bonheur. Ma mère l’épousa et partit avec son joueur de baseball et quitta la ville, retrouvant ainsi une deuxième jeunesse. Et moi je m’envolais pour Forks, où j’allais vivre définitivement. C’était une bonne opportunité de passer du temps avec mon père, bien que ça me fasse plus peur que plaisir. Nous avions partagé tellement peu de choses que je ne savais pas comment me comporter à son égard. Le cœur battant je descendis de l’avion et m’approchai de lui. Durant le trajet nous n’échangeâmes que quelques mots de routine, aussi mal à l’aise l’un que l’autre. La cohabitation risquait d’être plus difficile que prévu. Mais ce que je ne savais pas encore à ce moment-là, c’était que j’étais en bonne voie pour trouver le bonheur.

A peine j’eus passé la porte de ma chambre que de nombreux souvenirs remontèrent à la surface. J’observai avec attention mes vieux joués entassés dans un coin, les rares posters que j’avais collés au mur durant ces dernières années. Avec un soupir je descendis dans le jardin où m’attendaient Jacob et son père Billy. Pour marquer le coup, mon père avait décidé de m’offrir une voiture. Ce n’était qu’une carcasse rouillée rouge, ridicule. Allais-je vraiment devoir aller au lycée avec ça ? Pour se taper la honte dès le premier jour, il n’y avait pas mieux. Pourtant je souris et déclarai que je l’adorais en m’installant dedans. Mon père avait fait de gros efforts pour me recevoir chez lui et avait acheté cette voiture malgré ses maigres revenus. Je n’avais aucun droit de me montrer égoïste et capricieuse. Et puis le simple fait qu’il ait voulu me faire plaisir suffisait à ce que j’adore cette camionnette. Même si c’était la honte. En effet, mon arrivée au lycée ne se fit pas dans la plus grande des discrétions. Ils n’avaient pas l’habitude des nouvelles têtes ici et j’étais devenue le sujet central de toutes les discussions. J’eus malgré tout la « chance » de rencontrer Jessica Stanley, Mike Newton, Angela Webber et Eric Yorkie. Au moins je ne mangeai pas seule dès le premier jour. Et puis ils se montrèrent gentils à mon égard, bien qu’un peu trop envahissants. Angela était sans doute la plus cool des quatre, respectant que j’ai besoin d’espace vital pour me sentir bien. C’est alors que je les vis pour la première fois. Ils étaient cinq, les cinq personnes les plus belles qui m’ait été donné de voir. Je les désignai d’un geste de la tête. « Ce sont les Cullen. » m’expliqua Jessica. Elle me décrivit leur vie mais je ne l’écoutai déjà plus, obnubilée par l’un d’entre eux. Edward Cullen, son regard, sa façon de s’habiller, tout était différent et fascinant. Quand mon regard croisa le sien, le monde cessa de tourner autour de moi. Plus rien n’avait d’importance, il n’y avait plus que lui et moi. C’est à contrecœur que je me retournai vers mes « nouveaux amis », brisant ainsi cette spirale infernale qui faisait battre mon cœur un peu trop rapidement.

Après cette rencontre, ma vie fut chamboulée du tout au tout et les évènements s’enchaînèrent sans vraiment que j’aie le moindre contrôle dessus. Je me rapprochai ostensiblement d’Edward Cullen, bien que quelque chose m’échappe : il me cachait des choses, j’en étais certaine. Il était beaucoup trop rapide, sa peau était glacée et je ne le voyais jamais manger. Que cela pouvait-il signifier ? Dépassée par la situation, je découvris qu’il était un vampire, comme tous les membres de sa famille. Un vampire. Ce monde existait. C’était impossible, impensable. Et pourtant, ça répondait à toutes mes interrogations le concernant. Je n’avais pas peur, tant qu’il était près de moi. Je savais qu’il ne me ferait rien. Mais ce n’était visiblement pas le cas de tout le monde. Tandis que j’appris à appréhender ce monde fantastique et que je rencontrai les Cullen, ils reçurent la visite de trois vampires différents d’eux : ceux-ci buvaient du sang humain. Aussi quand ils me prirent en chasse, le monde s’arrêta de nouveau de tourner autour de moi. Les Cullen me mirent à l’abri, protégèrent mon père. Tout allait beaucoup trop vite pour moi, je ne comprenais plus rien. Et l’un d’eux, James, finit par avoir raison de moi. Enfermée avec lui dans une salle de danse, je me sentis plus vulnérable que jamais. Si seulement Edward m’avait transformée, j’aurais pu me défendre ! Or je n’avais aucune chance face à lui et j’allais mourir ici. Prise au piège comme une biche par le chasseur, j’étais paniquée, terrifiée. Cet univers était si différent de ce à quoi les Cullen m’avaient habitué ! Ses crocs se plantèrent dans mon bras. Moi qui, quelques secondes plus tôt aurais tout fait pour survivre, à présent je n’avais qu’une envie : mourir. Jamais au cours de ma vie je n’avais connu une telle douleur. Prise de convulsions, je criai, incapable de faire autre chose que souffrir. Et peu à peu la douleur disparut. Edward m’avait retrouvée à temps, avait tué James et avait avalé le venin qui coulait dans me veines. Je lui en voulus un moment de ne pas l’avoir laissé me transformée mais je fus soulagée, également. Notre vie pouvait reprendre son cours tranquillement.

Il faut croire que le destin a décidé de s’acharner contre moi. On dit souvent que notre dix-huitième anniversaire est le plus important de notre vie ; pour moi ce fut sans doute le pire. Tandis que j’ouvris le cadeau que m’avaient offert Carlisle et Esmée, je me coupai le doigt. Jasper, encore sensible au sang humain, voulut se jeter sur moi et Edward nous repoussa tous les deux violemment. Je m’ouvris le bras et saignai plus abondamment encore, obligeant les Cullen à fuir les lieux avant de ne plus résister et me dévorer. Carlisle me soigna et Edward me déposa chez moi. Durant les jours qui suivirent, je ne le vis pas. Je m’en voulais tellement que les choses aient tournées ainsi ! Si seulement il acceptait de me transformer, tout serait définitivement plus simple. Pourtant il décida de me quitter. M’entraînant dans la forêt derrière chez moi, Edward déclara qu’il ne m’aimait pas vraiment et qu’il préférait qu’on arrête le carnage maintenant. Est-ce que vous connaissez cette sensation si atroce que le monde pourrait s’écrouler autour de vous sans que vous vous en rendiez compte ? J’errai au hasard dans la forêt et m’évanouis. Les mois suivants, je ne fus plus que l’ombre de moi-même. Mon père était complètement dépassé, venait toutes les nuits me réveiller quand je me mettais à hurler à cause de cauchemars. Je sortais seulement pour aller au lycée – quand j’y allais – et là-bas je ne parlais à personne. Plus rien n’avait d’importance, j’avais si mal au cœur que j’avais l’impression de mourir à petit feu. C’est à ce moment là que je me rapprochai de Jacob. Il avait des sentiments à mon égard que je ne pouvais partager à cause du souvenir d’Edward qui me hantait. Aussi quand je dus faire le choix entre mener une existence douce aux côtés de Jacob ou sauver la vie d’Edward qui ne m’aimait plus, je n’hésitai pas un instant : Edward. C’était lui mon amour, et il le resterait toujours, quoi qu’il arrive. Alice et moi nous rendîmes à Volterra, repère des Volturi. J’empêchai Edward de commettre l’irréparable et découvris avec appréhension la famille Volturi, aussi impressionnante qu’impitoyable. Nouvel ultimatum : être transformée en vampire ou mourir.

Edward m’annonça qu’il n’avait jamais cessé de m’aimer. Mon cœur faillit exploser tellement je fus heureuse. Peu à peu la plaie se referma et la douleur disparut. Il accepta de me transformer en vampire à l’unique condition que je l’épouse avant, en bonne et due forme. Qu’est-ce qu’il pouvait être vieux jeu ! J’acceptai malgré tout avec joie, plus que ravie à l’idée de passer l’éternité aux côtés de celui qui faisait battre mon cœur. En le perdant j’avais compris à quel point il était essentiel à ma vie. Edward était la seule personne capable de me satisfaire pleinement, près de lui j’avais plus l’impression que jamais d’être en vie. Le retour d’Edward ne plus guère à Jacob et à mon père, terrifiés à l’idée que je souffre de nouveau. Mais ce bonheur fut de courte durée car déjà il fallait se battre contre Victoria qui voulait venger la mort de James. Prise pour cible, je fus une nouvelle fois protégée par les vampires mais aussi les loup-garous qui auraient donné leur vie pour que je survive. Je me sentais tellement redevable envers eux ! Pour la première fois de ma vie j’avais de l’importance aux yeux de quelqu’un. Je n’étais plus seulement cette fille transparente que personne ne voit, qui n’intéresse personne. J’étais au centre d’un conflit entre des vampires et des loup-garous. Cette même année je terminai le lycée et reçus mon diplôme avec des notes respectables, même si j’avais largement fait passer mes études au second plan de ma vie. Je me rendis chez ma mère à Phénix pour passer quelques jours chez elle, les derniers en sa compagnie. Dans peu de temps je deviendrais un vampire et je ne pourrais plus la voir. Cet été là j’épousai Edward, dans un lei féérique. Les gens que j’aimais étaient tous là, sauf peut-être Jacob qui manqua à l’appel. Alice s’était une fois encore dépensée pour organiser une fête sublime qui me permit de rencontrer la famille Denali, cousine des Cullen. Je pus également dire adieu à Jessica, Mike, Eric et Angela qui furent invités. Jacob vint plus tard dans la soirée mais, apprenant que j’allais devenir un vampire, partit de nouveau. Cette fois, je pensais vraiment qu’il ne pourrait plus rien m’arriver. C’est vrai : j’avais traversé le pire et je deviendrais une créature de la nuit. Que pouvait-il se passer d’autre ? Mais si j’avais su ce qui m’attendait, je ne serais pas allée si vite en besogne.

Le début de notre voyage de noce fut incroyable. Nous étions au Brésil et dansions sur une place populaire, entourés par des dizaines de brésiliens souriants et chaleureux. Nous nous sommes alors rendus en bateau sur l’île d’Esmée, appartenant comme son nom l’indique à la mère d’Edward. Jamais au cours de ma vie je ne vis d’endroit aussi beau, aussi sauvage. C’était un paysage de rêve, avec ses cascades, ses plages, cette sublime maison aux allures de cabane dans la jungle version gigantesque. Je découvris avec joie les péchés de la chair, tout comme Edward qui eu un mal fou pour se contrôler et ne pas me tuer. Il me promit de me transformer une fois rentrés à Forks et j’attendais ce moment avec une impatience farouche, même si ça voulait dire faire une croix sur ceux que j’aimais. Je me levai le matin, couverte de bleus et écœurée. Les jours passant, mon ventre s’arrondissait à vue d’œil. L’impossible s’était produit : j’étais enceinte. Or quelque chose clochait : non seulement un vampire ne pouvait pas avoir d’enfants, mais en plus ça allait beaucoup trop vite. Nous dûmes retourner à Forks plus rapidement que prévu. Là, je demandai de l’aide à Rosalie. Je savais qu’elle accepterait de me protéger contre les autres Cullen qui voulaient épargner ma vie en tuant celle qui grandissait dans mon ventre. Plus malade de jour en jour, je sentis mes forces me quitter. Peu à peu je fis incapable de bouger, de tenir quelque chose, incapable même de réfléchir convenablement. L’enfant que je portais me brisait les côtes, aspirait le peu de vie qu’il me restait. J’allais mourir en donnant la vie. Le jour de l’accouchement, ils durent m’ouvrir à vif sans prendre le temps de m’anesthésier pour sortir la petite fille de mon ventre. J’eus à peine le temps de lui donner le nom de Renesmée que mon cœur cessa de battre. Renesmée, en l’honneur de Renée, ma mère, et Esmée, la mère d’Edward. Edward, désespéré, fit sortir le bébé et me mordit à divers endroits du corps pour me transformer. Alors en voyant que rien ne se produisait, il baissa les bras et s’en alla, dévasté. J’aurais aimé qu’il me tienne la main, qu’il m’aide à affronter la douleur grandissante. Le poison se rependait dans mes veines, me transformait peu à peu. J’allais devenir un vampire.

Quand j’ouvris de nouveau les yeux, le monde prit une autre dimension. J’étais capable de voir le moindre grain de poussière, d’entendre les conversations environnantes, fus prise d’une envie furieuse de sang. Avant de pouvoir rencontrer ma fille Renesmée, Edward m’emmena chasser dans la forêt. J’étais née pour être un vampire. La vitesse, la force, le pouvoir … Tout était aussi incroyable que déroutant. Je fus même l’un des seuls nouveau-nés à être capable de résister au sang humain dès la première journée. Aux côtés d’Edward, j’étais invincible. Plus rien ne pouvait m’arrêter. Etait-ce ça le bonheur suprême, la liberté ? Je m’émerveillai de pouvoir voir tout ce que je n’avais encore jamais remarqué jusqu’à maintenant, satisfaite d’entendre le moindre bruit venant troubler la quiétude de la forêt. Une fois ma faim rassasiée, nous rentrâmes chez les Cullen où ils m’attendaient dans le salon. Je reçus les félicitations de ma nouvelle famille mais je ne les écoutais qu’à moitié. Ce que je voulais, moi, c’était l’enfant que tenait Rosalie dans ses bras. Cet enfant était le mien. Je la serrai contre moi, observant avec fierté ses yeux noisette qui avaient été les miens autrefois. La main de Renesmée se posa sur ma joue et elle partagea avec moi notre premier souvenir commun : l’accouchement. « Elle a un don. » expliqua Edward avec un sourire. Mais alors les choses s’enchaînèrent et je découvris que Jacob s’était imprégné d’elle. Furieuse, hors de moi, je le repoussai hors de la maison. Etait-ce de la jalousie ou bien une violente envie de défendre ma fille ? Tout ce que je savais, c’était que ma seule peur était qu’on me l’arrache de nouveau. Rosalie et Jacob l’aimaient un peu trop à mon goût et j’avais l’impression qu’ils passaient plus de temps avec elle que moi.

Tandis que je m’installai avec ma moitié et notre fille dans notre nouvelle maison, une guerre se profila à l’horizon. Les Volturi allaient attaquer, pensant qu’Edward et moi avions créés une enfant immortelle. Nous rassemblâmes autour de nous une quinzaine de vampires du monde entier, afin d’avoir des témoins qui plaideraient notre cause. Mais d’après la vision d’Alice, Renesmée avec un avenir. Avenir dont Edward et moi ne faisions pas partie. Je préparai pour mon enfant et pour Jacob un sac rempli d’argent, de vêtements de rechange et de faux papiers d’identités pour qu’ils puissent partir au moindre problème. Le cœur en miettes, si tenté qu’il ne batte déjà plus, je profitai des derniers instants auprès de mes proches, convaincue que nous n’en sortirions pas vivants. J’appris à étendre mon bouclier mental à d’autres, assurant la survie d’Edward le jour J. Jane tenta d’utiliser son don sur lui, en vain. Au prix de négociations et grâce à l’intervention d’Alice et de Nahuel, les choses se tassèrent. Les Volturi quittèrent Forks et enfin nous connûmes la paix. En effet cette paix dura longtemps. Très longtemps. Mes parents, mes connaissances humaines moururent les uns après les autres. Nessie épousa Jacob et je devins grand-mère. C’était très amusant d’être grand-mère en ayant l’air aussi jeune, quoi qu’un peu vexant. Je préférais qu’ils m’appellent Bella, c’était moins insultant. Edward et moi ne nous nous lassâmes jamais l’un de l’autre. Les années passant, nous apprîmes à nous découvrir davantage. Quatre-vingt dix années de paix. Puis nous fûmes invités à une réception donnée par les Volturi, durant lasquelle Aro, Caïus, Marcus ainsi que Carlisle et Esmée perdirent la vie. Dévastés, nous nous en sortîmes grâce aux Denali et notre vie reprit son cours, une fois de plus. C’est durant un voyage que nous tombâmes sur Morgan, un humain sublime. Une voiture passa près de lui et il fut abbatu sous nos yeux, d’une balle dans le ventre. Edward et moi n’hésitâmes pas un moment et il le transforma en vampire, décidant de rester à ses côtés pendant la mutation. Chose faite, Morgan s’enfuit et nous le laissâmes faire, n’ayant pas le temps de le rattraper. Il nous rejoint quelques temps plus tard à Forks, décidé à changer son mode de vie, devenant ainsi notre fils adoptif. Nous sommes en 2099, j’ai 113 ans et mon histoire ne fait que commencer.